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Libération

Les oliviers de la colère à Gaza.

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Les arbres sont rasés pour sécuriser une route empruntée par les colons.
publié le 7 décembre 2000 à 7h38

Gaza envoyé spécial

Plus un arbre, pas un buisson. Rien que du sable cent fois retourné par les chenilles des chars. De ces fondrières dardent des branches brisées, des racines dénudées, comme autant de squelettes enterrés à la hâte qui chercheraient à s'extirper d'une sépulture par trop sommaire. Etrange ossuaire végétal traversé d'une bande d'asphalte. Baptisée «Golf» sur les cartes d'état-major dressées lors de la signature des accords d'Oslo, la route de Kissufim coupe en deux la bande de Gaza, courant de la colonie juive de Kfar Darom vers Israël. Une voie stratégique pour son armée qui en contrôle l'usage, l'accès et tous les bas-côtés.

Sur une cinquantaine de mètres, de part et d'autre de la chaussée, le paysage n'est que désolation. Plantations, bâtiments, puits, murets ont été rasés, privant les francs-tireurs palestiniens d'un couvert propice aux embuscades. De loin en loin, des casemates bétonnées surveillent ce glacis, parfois érigées sur des fermes réquisitionnées sans la moindre sollicitude pour les familles riveraines de ce champ de bataille, victimes d'un bras de fer dont l'enjeu leur échappe.

Plus que des dettes. De sa belle demeure construite en bordure de route, Sadia Bayouk n'a sauvé qu'un matelas, deux paillasses et une batterie de casseroles cabossées. Extirpés des décombres. Les résidences de ses cinq fils ont également été détruites, «avec tous les meubles», souligne cette maîtresse femme qui mène son foyer à la baguette depuis la mort de son mari. «Tout