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Libération

Lèse-majesté à Westminster

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L'offensive antiroyaliste du quotidien «The Guardian» a perturbé le traditionnel discours du Trône.
publié le 7 décembre 2000 à 7h39

Londres de notre correspondant

«Monsieur le speaker, Sa Majesté la reine ordonne à cette honorable chambre de la rejoindre immédiatement dans la Chambre des lords.» Selon un rituel immuable, le Black Rod, l'huissier à la «baguette noire», a invité hier les Communes à assister au discours du Trône. Comme chaque premier mercredi de décembre, le texte, lu par la souveraine et rédigé par son Premier ministre, fixe les grandes lignes de l'action gouvernementale pour l'année à venir. C'est aussi l'unique occasion pour Elizabeth II de prendre la parole devant les représentants de ses bons et loyaux sujets.

Catholiques brimés. Mais le respect des traditions se perd. A l'injonction royale, le député travailliste Dennis Skinner a répondu par une insolence toute révolutionnaire. «Dites-lui de lire le Guardian !», a-t-il crié en faisant mine de ne pas quitter son siège. Eclat de rire général. Le quotidien de gauche cité par le trublion annonce en une son intention de poursuivre la monarchie en justice au motif qu'elle brime les catholiques et propose rien moins que de proclamer la république. Deux crimes de lèse-majesté. L'Acte d'établissement, édicté en 1701, interdit aux catholiques, à leurs conjoints ou enfants naturels de monter sur le trône. Douze ans après le renversement de Jacques II, en pleine guerre avec la France, fille aînée de l'Eglise apostolique et romaine, il fallait à tout prix éviter qu'un autre papiste devienne roi. Trois siècles plus tard, le Guardian estime que cette