Nice envoyés spéciaux
Le Conseil européen n'a tenu qu'à la vigilance d'un gendarme mobile. Celui qui a sonné l'alerte à 7 h 50. Qu'a-t-il vu, aux aurores? Cinq cents militants à moins de 50 mètres à l'ouest d'Acropolis, lieu du raout européen. Le rideau de policiers est tombé illico. Retour sur la journée de 3 000 «antimondialisation», qui a viré, pour une poignée de radicaux, à la miniguérilla urbaine.
8 heures. Par l'ouest, 500. Par l'est, quatre fois plus. «L'encerclement pacifique» débute. Ils ont les yeux rougis. Beaucoup ont squatté dans un parking. Ils crient «Ya Basta» ou: «La solution? la révolution!» «Nous voulons perturber les festivités, faire entendre la voix des peuples aux gouvernants», dit Patrice Spadoni, de la Marche européenne contre le chômage. Des deux côtés, des Français (Attac, SUD, AC!, le DAL, LCR), des Italiens (Invisibles, Ya Basta!), des Espagnols (CGT Catalane, Moviento de resistancia globale ou Occupas). Pas loin, 200 Basques, des Corses, une poignée de rouges, verts, noirs anglais et d'autonomes allemands.
9 h 15. Les délégations officielles déboulent. La nervosité monte d'un cran. Pour desserrer l'étau, les gendarmes «lacrymogénisent». Les groupes cherchent une autre rue; se cognent à un autre barrage. Sans jamais chercher le contact. Une heure plus tard, les lacrymos pleuvent sur l'avenue de la République. Des Espagnols et des Basques balancent des morceaux de béton piochés dans une benne de chantier. Les projectiles rebondissent sur la chaussée