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Libération

L'Angleterre porte le deuil de Damilola.

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La mort du petit Nigérian, tué par des adolescents, a bouleversé le pays.
publié le 8 décembre 2000 à 7h42

Londres de notre correspondant

Des «Amen» criés à pleins poumons se mêlent aux sanglots de plus en plus bruyants. Une femme distribue des mouchoirs dans les travées pendant que le pasteur, debout sur une scène drapée de pourpre, un micro à la main, pointe son doigt sur les fidèles: «C'est particulièrement triste quand un enfant est tué en revenant chez lui, dit-il. C'est encore plus épouvantable quand ses agresseurs se révèlent être sans doute eux-mêmes des enfants.» Dans l'Eglise évangélique, la communauté noire de Peckham pleure un fils et en maudit d'autres, encore inconnus. Damilola Taylor, arrivé quatre mois plus tôt de son Nigeria natal, a été tué le 27 novembre à l'arme blanche. Victime de la violence juvénile, il aurait eu 11 ans hier. En ce jour anniversaire, ils sont près d'un millier rassemblés autour de sa famille. Femmes vêtues de noir, coiffées de chapeau en cloche, hommes en costume sombre. Tous habitent ce quartier déshérité du sud de Londres qui alterne terrains vagues et grands ensembles. Le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Paul Boateng, et les élus locaux au grand complet assistent également à la cérémonie.

Brimades et sévices. Car l'émotion va bien au-delà des barres grisâtres qui bouchent l'horizon. Depuis dix jours, la Grande-Bretagne porte le deuil de Damilola Taylor. Son sourire malicieux s'étale à la une de tous les journaux. Sa fin tragique symbolise les souffrances endurées par un nombre grandissant de jeunes Britanniques. Brimades, sévices, coups de