Le Caire de notre correspondante
Sur la carrosserie fatiguée de la voiture, l'autocollant flambant neuf tranche: «Je n'achète pas américain.» Depuis le début de l'Intifada, la population égyptienne a réactivé le boycottage des produits américains, encouragé par la Ligue arabe en 1967. «Les Américains sont les protecteurs d'Israël. Il faut les attaquer là où cela fait mal, c'est-à-dire au portefeuille, en boycottant leurs produits», s'enflamment les étudiants, les premiers à avoir fait circuler des listes de marchandises interdites.
Ersatz. Sept marques sont particulièrement visées: McDonald's, Coca-Cola, Nike, Levi's, les cigarettes Marlboro et Merit, la lessive Ariel. Idem pour les sociétés égyptiennes commerçant avec Israël. Deux journaux ont également publié la liste des produits de substitution 100 % égyptiens. Si les marchandises proscrites n'ont pas disparu des étalages, elles ont été reléguées en bout de rayon, et les Egyptiens, d'ordinaire fascinés par les marques américaines, se mettent à consommer les ersatz locaux.
Selon les analystes économiques, le boycottage aurait pris de l'ampleur avec le ramadan, à quoi s'ajoutent les déclarations et fatwas lancées par les dignitaires religieux, le cheikh d'Al-Azhar et le grand mufti d'Egypte. Pour ce dernier, le boycottage «est une sorte de jihad (guerre sainte): «Le minimum pour nous, musulmans, qui ne pouvons pas aller libérer la mosquée Al-Aqsa.» Un «devoir religieux» qui fait mouche: en deux mois, les sociétés McDonald's e