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Libération

Le Brésil noyauté par les narcos et la corruption.

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Un rapport réclame des poursuites contre 800 personnes.
publié le 8 décembre 2000 à 7h42

Rio de notre correspondant

Le trafic de cocaïne menace-t-il la démocratie brésilienne? Après avoir mené durant dix-huit mois l'enquête la plus fouillée de l'histoire du Parlement brésilien (17 Etats visités, des centaines de dépositions), la Commission parlementaire d'enquête (CPI) sur le trafic de drogue a rendu mercredi un rapport extrêmement alarmant. Dans 5 des 26 Etats (Acre, Alagoas, Amapá, Espírito Santo et Piauí), les narcotrafiquants tentent tout bonnement de prendre le pouvoir. Le gouverneur d'Acre, Jorge Viana, du Parti des travailleurs, est menacé de mort par les hommes du trafiquant Hildebrando Pascoal, un ex-député et ex-patron de la police militaire. La menace est si claire que le président Cardoso a fait récemment une escale dans ce petit Etat à la frontière bolivienne pour assurer le gouverneur, pourtant d'opposition, de sa solidarité. En Amapá, l'Etat qui longe la Guyane française, le gouverneur, João Capiberibe, a été destitué par l'Assemblée législative régionale, noyautée par les narcos. La décision a été suspendue par la Cour suprême.

Gangrène. Dans leur rapport, les députés demandent l'ouverture de poursuites judiciaires contre 827 personnes, dont 2 ex-gouverneurs (Acre, Alagoas), 2 députés fédéraux, 12 députés régionaux, des dizaines de policiers, de juges et de patrons. Le général paraguayen Lino Oviedo et l'ex-président du Surinam Dersi Bouterse sont aussi cités. La CPI accuse enfin les présidents des Assemblées législatives des Etats d'Espírito Santo