Rarement un homme aura autant personnalisé les travers nationaux habituellement prêtés aux Français et à la «grande nation»: arrogant, suffisant, méprisant, cassant et on en passe. Pierre Moscovici, le négociateur français dans la Conférence intergouvernementale (CIG) chargée de réformer les institutions communautaires, décroche indubitablement le pompon de l'homme le plus détesté des partenaires de la France. La presse internationale s'en donne à coeur joie, ravie d'avoir trouvé une tête de Turc en la personne du ministre délégué aux Affaires européennes: le vénérable hebdomadaire Die Zeit a, par exemple, dressé un portrait au vitriol de l'«orgueilleux» Moscovici. Si le sommet de Nice échoue, il fera un bouc émissaire facile tant il semble avoir crispé les autres délégations et attisé les vieilles peurs d'une domination française de l'Europe. Mais, comme l'histoire est versatile, en cas de succès, il lui sera sans doute beaucoup pardonné.
Homme impatient. «Mosco», ancien trésorier du Parti socialiste et homme lige du Premier ministre, s'est toujours défini comme un «euroréaliste», ce que Jacques Delors a immédiatement traduit par «eurosceptique», non sans raison. Car le ministre délégué n'est pas un passionné de l'Europe, loin s'en faut: lorsqu'il est bombardé à ce poste, en mai 1997, à la suite de la victoire socialiste aux élections législatives, il se rend au Quai d'Orsay à reculons. L'économiste qu'il est rêve des Finances et il le fait savoir. Lors du départ de Dominiqu