Kong envoyée spéciale
Dès 4 heures du matin, la vieille mosquée de Kong, la ville natale des Ouattara, s'est remplie de fidèles en colère. L'après-midi, une réunion prévue pour la campagne électorale s'est transformée en conseil de crise. «Je ne suis pas un petit garçon mais j'ai failli être chahuté, la salle était en ébullition», raconte le député-maire, Gahoussou Ouattara, frère aîné d'Alassane. L'ancien Premier ministre qui n'a pu être candidat pour n'«avoir pu prouver sa nationalité ivoirienne».
Le lendemain, tous les représentants de l'Etat ivoirien ont été sommés de partir sous quarante-huitÊheures. Au nom de la «dignité bafouée» des Ivoiriens du Nord (un tiers de la population, environ 5 millions d'Ivoiriens, en majorité musulmane), Kong s'est mis hors la loi et s'attend, d'un jour à l'autre, à voir débarquer la troupe. Car l'élimination de l'enfant du pays du scrutin d'hier a été ressentie comme une injure faite à tout un peuple. A l'entrée de la ville, après deux heures de piste chaotique, un chasseur dozo (confrérie de chasseurs du Nord) a remplacé le traditionnel gendarme. Blindé de grigris, coiffé d'un bonnet à poils, pantalon et chemise de toile épaisse couleur fauve, cartouchière à la ceinture, le mystique guerrier du Nord salue les visiteurs avec bonhomie. Le poste est vide, tout comme la sous-préfecture, un peu plus loin. En face, une église à moitié brûlée. A l'école, désertée, le dernier instituteur parle lentement, sous l'oeil réprobateur de sa femme. «Nous