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Libération

Hirohito, plus coupable que fantoche.

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Pour l'historien Herbert Bix, l'empereur du Japon a eu un rôle déterminant pendant la guerre.
publié le 11 décembre 2000 à 7h49

Le choix controversé du général américain Douglas MacArthur de disculper Hirohito à la fin de la dernière guerre alimentera longtemps encore les débats d'historiens. Fallait-il, en 1945, présenter l'empereur du Japon comme une marionnette des militaires nippons, facilitant ainsi la collaboration entre la maison impériale et l'occupant américain? Ou valait-il mieux, au contraire, détruire le mythe en jugeant Hirohito avec les autres criminels de guerre du tribunal de Tokyo et risquer une révolte contre les troupes installées dans l'archipel? En optant pour la première solution ­ la plus facile puisqu'elle revenait à faire légitimer l'occupation par l'empereur, facilitant de cette manière la tâche de MacArthur ­, les Etats-Unis n'ont-ils pas absous le Hitler japonais? Ou, au contraire, MacArthur n'avait-il pas raison de considérer Hirohito comme un fantoche tout juste bon à contresigner les ordres des militaires au pouvoir?

Dans un ouvrage très documenté, publié en août aux Etats-Unis (1), l'historien américain Herbert Bix rejette d'emblée cette dernière hypothèse. Depuis son accession au trône, en 1926, jusqu'à la capitulation en 1945, le tenno («empereur») était «au centre de la vie politique, militaire et spirituelle de son pays dans le sens le plus large et le plus profond, exerçant son autorité dans des directions qui se révélèrent désastreuses pour son peuple et pour les pays qui furent envahis». Pour l'auteur (historien diplômé de Harvard, enseignant à l'université de To