Abidjan envoyé spécial
«Est ce qu'on peut être fier d'élections organisées sous état d'urgence, avec les militaires dans la rue?», peste Ousmane. Pour cet Ivoirien musulman d'une quarantaine d'années, la rupture est consommée. Son parti, le Rassemblement des républicains (RDR), a boycotté les élections du 10 décembre suite à l'invalidation de la candidature de son leader, Alassane Ouattara. Des élections qui amèneront pour la première fois à l'Assemblée nationale, en sommeil depuis dix mois, une forte majorité de députés du Front patriotique ivoirien (FPI), le parti du nouveau président Laurent Gbagbo.
Le scrutin législatif aurait dû clore un chapitre mouvementé de la vie politique ivoirienne ouvert par le coup d'Etat militaire du général Gueï, de décembre 1999. «Mais, en réalité, une blessure s'est ouverte qu'il sera difficile de panser. A tort ou à raison, le nord du pays s'estime bafoué», explique Diegou Bailly, rédacteur en chef du Jour, un des rares quotidiens neutres de la presse ivoirienne. «Ce n'est plus la candidature de Ouattara qui est en cause, mais la réhabilitation des musulmans du Nord dans la vie politique nationale», renchérit Ousmane. «Ouattara est un malin. Il a joué avec le feu en se présentant comme le candidat naturel des musulmans, alors que le vrai problème ce sont ses origines burkinabé. Il utilise les musulmans», considère de son côté Alexandre, hostile au leader du RDR.
Partisans ou adversaires de Ouattara, évincé de la présidentielle puis des législa