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Libération

Des «revenants» dans un monde inerte

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Evacués, ils ont préféré réintégrer leur maison dans la zone interdite.
publié le 15 décembre 2000 à 8h05

Tchernobyl envoyée spéciale

A trente kilomètres de la centrale de Tchernobyl se dresse le premier barrage où il faut montrer patte blanche pour poursuivre son chemin. C'est le début de la zone interdite, elle-même subdivisée en deux cercles pas vraiment concentriques, celui des trente kilomètres, considéré comme contaminé, et celui des dix kilomètres, où l'on dit la vie impossible. Dès l'entrée dans la zone, sur la route, des panneaux mettent en garde contre la radioactivité. Puis apparaissent les premiers villages abandonnés, où, en ces journées d'hiver, l'on aperçoit encore les maisons, aux vitres souvent brisées, et les étables, aux toits qui s'affaissent, au travers des arbres sans feuilles qui ont envahi anarchiquement les jardins. Dans ce monde figé, les traditionnelles maisons de bois aux fenêtres sculptées ou peintes sont plus fréquentes que dans le reste du pays en voie de modernisation.

Illégal. La région n'est pas complètement abandonnée. Il y a les services de voirie et de contrôle chimique, et les stations anti-incendies qui veillent à ce que ne se propagent pas l'été les incendies de forêt fréquents dans cette zone de dense végétation. Outre ces travailleurs, d'anciens habitants aussi sont réapparus timidement et illégalement d'abord. On les appelle les «revenants». En 1991, ils étaient 1 200; ils sont encore 400 aujourd'hui, la plupart âgés de plus de 60 ans, et répartis dans 15 villages de la zone des trente kilomètres.

Parichiv, près de la rivière Prypiat, est