Les députés européens ont adopté hier une résolution demandant «aux autorités tunisiennes d'arrêter immédiatement toute forme de harcèlement et de répression à l'encontre des associations oeuvrant pour l'Etat de droit en Tunisie [...]». Demain doit s'ouvrir à Tunis le procès de Moncef Marzouki, célèbre militant des droits de l'homme et des libertés. Le docteur Marzouki, qui avait suscité l'ire du régime en se portant candidat à l'élection présidentielle de 1994 contre Ben Ali, risque jusqu'à vingt ans de prison. Les charges retenues contre lui «appartenance à une association non reconnue, propagation de fausses nouvelles de nature à troubler l'ordre public» n'ont en fait qu'un seul motif réel: ses fonctions de porte-parole du Comité national pour les libertés en Tunisie (CNLT), une association non reconnue par le pouvoir.
Dissolution de fait. Cette dernière organisation ainsi que la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) sont d'ail leurs tout particulièrement dans le collimateur du régime ces derniers temps. Le 30 novembre dernier, la justice a décidé de geler les activités de la LTDH, placée sous administration judiciaire, à la suite d'une plainte de quatre de ses membres contestant l'élection du bureau de l'association. Son président, Mokhtar Trifi, lui, y voit une dissolution de fait, «un acte politique sous couvert de décision judiciaire».
Le 8 décembre, une centaine de policiers ont empêché une réunion du CNLT, organisée à l'occasion de son deuxième anniversair