La chute de l'enclave musulmane de Srebrenica au nord-est de la Bosnie et le massacre par les forces serbes de 7 000 personnes vivant dans cette «zone de sécurité» placée sous la protection de l'ONU pouvaient-ils être évités? Une mission française d'information parlementaire a commencé hier ses auditions pour déterminer les responsabilités des autorités françaises, aussi bien civiles que militaires, dans ce qui a été, en juillet 1995, l'une des pires tragédies de la guerre en Bosnie. Les travaux de cette mission, semblable à celle créée il y a deux ans sur le Rwanda, devraient durer six mois. Réunissant des parlementaires des commissions des Affaires étrangères et de la Défense nationale, cette mission va rédiger un rapport sous la présidence de François Léotard, qui fut ministre de la Défense du gouvernement Balladur, de 1993 à mai 1995. «La France avait un rôle décisionnel majeur. C'était un général français qui dirigeait à cette époque l'ensemble des forces de l'ONU dans l'ex-Yougoslavie, et les zones de sécurité avaient été créées en 1993 sur proposition de la France au Conseil de sécurité. Tout cela implique aujourd'hui pour la France un effort spécifique de transparence», souligne l'organisation Médecins sans frontières (MSF) qui oeuvre depuis deux ans pour la création d'une telle commission d'enquête. «Il ne s'agit pas de faire un procès mais de tenter de comprendre ce qui s'est passé afin d'en tirer les leçons», explique Fabien Dubuet,l'un des juristes de cette ONG.
La France face à son rôle à Srebrenica
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par Marc Semo
publié le 15 décembre 2000 à 8h07
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