Buenos Aires
de notre correspondante
Transférés dans deux hôpitaux de Buenos Aires, dix hommes et deux femmes observent une grève de la faim depuis cent sept jours. Ces militants du mouvement d'extrême gauche Todos por la Patria («Tous pour la patrie», MTP), condamnés à des peines de réclusion à perpétuité pour la prise d'assaut d'une caserne, en 1989, réclament depuis des années la possibilité de faire appel de la sentence. Actuellement, ils sont tous hospitalisés et reçoivent eau sucrée et sels minéraux en perfusion.
Soulèvements de militaires. Les faits remontent à la période d'ouverture démocratique. Après la condamnation des chefs de la junte (1976-1983), le gouvernement de Raul Alfonsin doit faire face à plusieurs soulèvements de militaires, inquiets d'éventuels procès pour leurs agissements sous la dictature. En 1987, des lois d'amnistie sont votées. Les remous dans les casernes diminuent. «Mais nous avons su qu'une rébellion allait se produire pour obliger Alfonsin à démissionner, et c'est pour défendre la démocratie que nous avons pris les armes», explique aujourd'hui Daniel Gabioud, 33 ans, militant du MTP, actuellement en liberté conditionnelle. Le 23 janvier 1989, une quarantaine de militants prennent d'assaut la caserne de La Tablada, proche de la capitale. L'attaque est autant suicidaire qu'inexplicable, six ans après le retour de la démocratie. Pour le journaliste Luis Bruschtein, «les services secrets, infiltrés dans le MTP, pourraient avoir encouragé l'attaque,