Istanbul
de notre correspondant
Les forces de l'ordre turques ont lancé hier un assaut simultané contre vingt prisons afin de briser un mouvement de grève de la faim des détenus. L'opération, menée par des gendarmes et des équipes spéciales de la police, a débuté versÊcinq heures du matin et se poursuivait en fin d'après-midi dans trois grands centres de détention (Bayrampasa, Umraniye et Canakkale). Quinze détenus sont décédés, pour la plupart après s'être immolés, et deux gendarmes ont été tués lors de l'assaut, a annoncé hier soir le ministre de la Justice, Hikmet Sami Turk. Le bilan officiel était toutefois impossible à confirmer, la presse étant confinée à trois kilomètres des prisons.
«Ils ont brûlé vives six femmes!», hurlaient deux prisonnières sur des civières, arborant des brûlures au visage, alors qu'elles étaient transportées vers un hôpital. Ces scènes diffusées en début de soirée par la chaîne CNN-Turk, semblent contredire les déclarations du ministre de la Justice qui parle, lui, d'immolations de détenus. Les organisations des droits de l'homme ont aussitôt dénoncé l'opération, la qualifiant de «sanglante et sauvage». L'assaut visaitÊà mettre fin à la grève de la faim illimitée, appelée «grève de la mort», de 284 prisonniers politiques qui entraient dans leur 61e journée de jeûne. En solidarité, 802 autres détenus observent une grève de la faim limitée. Tous revendiquent la fermeture définitive des prisons de type F (cellules d'isolement), la fin de la torture et