Moscou de notre correspondante
En neuf ans de post-communisme, l'Ukraine n'avait jamais vu ça. Hier, plus de 2 000 manifestants issus de la droite, y compris de la droite nationaliste (Roukh, UNA), comme de la gauche (communistes et socialistes), ont appelé à la démission du président Léonid Koutchma qualifié d'«assassin». Cette «union sacrée» contre l'homme réélu à la tête du pays fin 1999 s'explique par un retentissant scandale: le président Koutchma est en effet mis en cause dans la disparition d'un journaliste indépendant et critique à l'égard du pouvoir. Selon les affirmations d'un ancien officier des services de sécurité ukrainiens (SBU, ex-KGB), Koutchma aurait même donné l'ordre d'assassiner Gueorgui Gongadze, 31 ans, directeur de Oukrainsskaïa Gazeta, un journal diffusé sur Internet.
Crâne. Tout commence le 16 septembre, lorsque Gongadze disparaît. Selon ses amis, en juillet déjà, il s'était plaint d'être suivi par la police. Très vite, les milieux d'opposition s'inquiètent. La police diffuse un numéro vert sur toutes les chaînes de télévision nationales afin d'aider à l'enquête. En vain. Fin novembre, on retrouve dans la région de Kiev un crâne qui pourrait être celui du journaliste disparu. Méconnaissable, le corps décapité retrouvé plus tard n'a pu être reconnu par l'épouse de Gongadze. Mais lundi dernier, cette dernière a formellement identifié une bague et un bracelet lui appartenant.
Entre-temps, le scandale a pris de l'ampleur et provoqué de houleux débats au Pa