En visite aujourd'hui à Paris, le nouveau président serbe Vojislav Kostunica rencontrera Jacques Chirac, Lionel Jospin et Hubert Védrine, pour discuter notamment de l'avenir
du Kosovo et de la tension dans le sud de la Serbie.
Lucane envoyé spécial
Seuls quelques vieux, silhouettes furtives sous la pluie froide, traversent les ruelles du village à première vue déserté de son gros millier d'habitants albanais. Il y a quinze jours, ils sont tous partis avec vaches et tracteurs vers le Kosovo, de l'autre côté de la ligne de crête. Les maisons et les deux épiceries sont encore intactes, mais Lucane, petit bourg de la commune de Bujanovac, dans le sud de la Serbie, est désormais une ligne de front de part et d'autre d'un petit pont à balustrade verte. «Ici, c'est comme à Mitrovica au Kosovo», ironise Fazil. Il n'a pas d'arme et assure être un paysan du village voisin. Mais il porte rangers et treillis. Sur la rive gauche de la rivière Morava, les forces spéciales serbes sont retranchées dans les maisons et les chars en position dans les champs. Sur la rive droite, juste après la mosquée, commence le territoire contrôlé par les combattants de l'UCPMB (Armée de libération de Presevo, Medvedje et Bujanovac). Ces trois communes comptent 120000 habitants, en majorité des Albanais de souche, qui rêvent d'être rattachés à un Kosovo qu'ils imaginent bientôt indépendant, ou du moins doté d'une large autonomie. La guérilla, dont les premières lignes sont désormais à un ou deux kilomètres à vo