La méthode brutale choisie par Ankara pour imposer une réforme pénitentiaire, qui ne devait pourtant s'appliquer qu'une fois «un consensus social» trouvé, ne va pas redorer l'image de la Turquie en Europe. Le «partenariat d'adhésion» à l'UE, adopté au sommet européen de Nice, lui demande certes «d'ajuster les conditions de détention en prison aux règles standard minimales des Nations unies». Les prisons surpeuplées qui ont été vidées par la force ne
correspondaient sûrement pas à ces règles. Mais l'assaut sanglant mené contre des détenus en grève de la faim est, pour le coup, contraire à tous les principes politiques et éthiques communs aux pays de l'UE.
La Commission européenne a jusqu'ici réagi avec prudence, s'affirmant «préoccupée» par les atteintes aux droits de l'homme. Mais un peu partout en Europe, familles de détenus, comités de soutien et associations d'extrême gauche ont manifesté leur colère et leur inquiétude. Mardi, le Comité de solidarité avec les prisonniers politiques de Turquie a occupé la banque turque Isbank à Paris, avant de manifester mercredi devant l'Assemblée nationale. Parallèlement, le comité de solidarité avec les prisonniers pour la liberté était reçu par la Commission consultative des droits de l'homme et prenait contact avec le ministre des Affaires étrangères. «Nous sommes consternés par l'issue de la grève de la faim dans les prisons turques», a déclaré hier François Rivasseau, porte-parole du ministère, appelant Ankara à respecter les droits d