Istanbul de notre correspondant
La prison de Canakkale (nord-ouest de la Turquie) est à son tour tombée. Les gendarmes et les équipes spéciales de la police sont venus à bout, hier vers midi, de la résistance que leur opposaient depuis cinquante-six heures 128 détenus politiques: au moins 4 prisonniers ont encore été tués, ce qui porte à 23 morts et des dizaines de blessés le bilan de l'opération menée par Ankara contre les détenus en grève de la faim. La Fondation des droits de l'homme de Turquie a contesté ce bilan, affirmant que l'opération avait fait 30 morts. Hier, en fin d'après-midi, seule la prison d'Umraniye à Istanbul, où se trouvent 430 prisonniers, continuait de résister. Les journalistes sur place ont entendu toute la journée des coups de feu et des explosions.
Transferts. C'est mardi à l'aube que les forces de l'ordre ont lancé leurs descentes contre 18 prisons du pays afin de déloger des centaines de détenus politiques, en grève de la faim illimitée pour protester contre leur transfert de prisons à dortoirs vers d'autres composées de cellules individuelles d'isolement ou de cellules à trois personnes. Au prix d'un bilan meurtrier, Ankara a donc décidé de faire passer en force sa réforme contestée du système carcéral. Le ministre de la Justice, Hikmet Sami Turk, avait justifié l'opération en expliquant que l'Etat n'avait pas d'autre moyen d'alléger les effectifs des prisons surpeuplées, puisqu'une loi d'amnistie, qui doit libérer environ la moitié des 72000 déten