Comment peut-on perdre la trace de 300 000 réfugiés pendant deux semaines? C'est ce qui est arrivé au Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), du 6 au 20 décembre, dans le sud de la Guinée, à la lisière de la Sierra Leone et du Liberia. Le 6 décembre, un groupe rebelle a attaqué la ville de Guékédou, faisant officiellement 86 morts. Le bureau du HCR a été incendié, et son personnel local évacué. Dans la panique, l'agence onusienne a perdu le contact avec des dizaines de milliers de réfugiés, rassemblés dans une soixantaine de camps autour de Guékédou, dans une zone appelée le «bec de canard». Le personnel expatrié du HCR avait déjà été «redéployé» dans la capitale, en septembre, après le meurtre d'un employé.
Le 9 décembre, trois jours après Guékédou, Kissidougou, plus au nord, est attaqué à son tour. La dizaine d'ONG présentes évacue alors la zone, abandonnant 50 000 nouveaux réfugiés. Les combats ont aussi jeté 200 000 Guinéens sur les routes. Cette fois-ci, l'armée guinéenne, mieux préparée et appuyée par des hélicoptères, ne met que 24 heures à repousser les rebelles.
Vindicte du régime. Concernant les réfugiés, plusieurs hypothèses ont été évoquées: ont-ils pris la route de Conakry? Sont-ils repartis vers la Sierra Leone, leur pays d'origine? Se sont-ils terrés dans les forêts très denses de cette région de la Guinée pour échapper aux rebelles? Au début de la semaine, 25 000 personnes ont finalement été localisées dans les environs de Kissidougou: rassemblées dans le st