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Libération
Reportage

«Maintenant, on nous traite comme des notables»

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A Vrajne, les barons de l'ancien régime tentent de rallier le nouveau pouvoir.
publié le 23 décembre 2000 à 8h27

Vrajne envoyé spécial

C'est un cerveau tout en rose et gris surmonté du slogan: «Utilise-le!» L'affiche, qui parsème toute la Serbie, est apposée sur un mur près du vieux marché. Il y a bien peu de propagande électorale à Vrajne, comme si elle était vaine. Cette préfecture de 250 000 habitants du sud de la Serbie était un fief du défunt régime. Slobodan Milosevic y triomphait encore à la présidentielle du 24 septembre , avec quelque 52 % des suffrages. Pour les législatives de ce samedi, tout semble à nouveau joué d'avance. Cette fois, l'Opposition démocratique serbe (DOS) est sûre de l'emporter largement, à Vrajne comme dans le reste du pays. «Les gens suivent l'air du temps. Ils savaient que l'ancien régime était mauvais mais ils votaient pour le pouvoir; maintenant, ils votent pour le nouveau pouvoir», souligne Vule Antic, chirurgien et militant local du Parti démocrate. Casquette de tweed, barbe courte et petites lunettes d'acier, cet opposant de toujours à Milosevic sent bien la réalité du changement au quotidien.

Dignité retrouvée. Désormais, toutes les portes s'ouvrent dans les tristes immeubles de béton où logent les fonctionnaires et les employés des entreprises publiques installées dans la vallée. L'accueil a aussi changé dans les villages. «Avant, les préaux étaient toujours fermés, jamais chauffés, et il fallait forcer le directeur à nous ouvrir la porte. Maintenant, on nous traite déjà comme des notables», ironise ce conseiller municipal de Vrajne. Des petites fou