Oulianovsk envoyée spéciale
«Je suis un héros de la Russie»: l'étoile de cette distinction fièrement épinglée à son veston, le général Vladimir Chamanov se vante à chaque rencontre. A ses yeux, c'est le meilleur argument de sa campagne pour le poste de gouverneur d'Oulianovsk, une petite région d'1,5 million d'habitants gravitant autour de la ville du même nom, dont la seule notoriété est d'être la ville natale de Lénine. Comme ses prédécesseurs, le général Alexandre Routskoï, un ancien de l'Afghanistan, ou le général Alexandre Lebed, l'homme qui a arrêté, en 1996, la première guerre de Tchétchénie, Chamanov a troqué son uniforme contre des vêtements civils pour entrer en politique. «La situation dans le pays est telle que les militaires ont leur mot à dire», explique le plus jeune général de Russie, à la gloire contestée acquise en Tchétchénie. A 44 ans, il a fondu sur Oulianovsk, où un autre général dirige son état-major de campagne, entouré de jeunes officiers aux cheveux ras et de journalistes de la presse militaire.
Contre les «féodaux». Chamanov est en service commandé. Au détour de la conversation, il avoue avoir été convoqué au printemps dernier à l'état-major à Moscou et pressé de poser sa candidature. «J'étais assez surpris», reconnaît-il. S'il est élu, il sera versé dans la réserve. S'il ne l'est pas, il reprendra du service. Comme lui, une vingtaine de hauts gradés de ce qu'en Russie on appelle les «ministères de force» (Intérieur, Défense et services de sécurité)