Moscou de notre correspondante
Quatorze mois après le déclenchement de l'«opération antiterroriste» par les forces fédérales russes en Tchétchénie, l'enlisement est total. La soi-disant «solution politique» préconisée par le président Vladimir Poutine depuis le printemps n'a porté aucun fruit. Fait nouveau, sur place, des militaires, tout comme l'administration tchétchène prorusse, ne cachent pas leur agacement.
Les chiffres sont marquants : depuis le 1er octobre 1999, 90000 «fédéraux» (troupes du ministère de la Défense et de l'Intérieur) sont censés «en finir» avec les «bandits» et les «terroristes» qu'il faut même «aller buter jusque dans les chiottes», à en croire Poutine. Officiellement, plus de 2 500 Russes sont morts au combat. En réalité, c'est sans doute deux, voire trois fois plus, selon le Comité des mères de soldats. Quant à Aslan Maskhadov, le président élu de la Tchétchénie en 1997, dont la légitimité n'est plus reconnue par Moscou depuis octobre 1999, il affirme que les pertes seraient «équivalentes» côté indépendantiste. Sur une population qui oscille entre 600 000 et un million de personnes, 45 000 civils auraient également trouvé la mort. 170000 réfugiés se trouvent dans des camps en Ingouchie, alors qu'en Tchétchénie 100 000 personnes sont considérées comme «déplacées».
Suspects. De quels succès cette guerre peut-elle alors se targuer ? A ce jour, aucun des principaux chefs de guerre tchétchènes n'a été arrêté, alors que les Russes connaissent parfaitement la