Moscou envoyé spécial
Tous les mardis, dans les locaux de l'administration présidentielle, les dix-sept personnes de la Commission des grâces se réunissent dans le bureau orné de dessins d'enfants de son président, l'écrivain Anatoli Pristavkine. C'est cette Commission, consultative, qui, lors d'une réunion extraordinaire, a récemment proposé la grâce de l'Américain Edmund Pope (condamné à vingt ans de camp pour espionnage), décision entérinée par le président Poutine. Un cas exceptionnel.
L'ordinaire de la Commission est plus discret, mais non moins crucial: tout condamné, ayant épuisé la panoplie des recours juridiques, peut réclamer une grâce, de la réduction de peine à la libération immédiate. En janvier, la Commission fêtera ses neuf ans d'existence, assortis d'un bilan plus qu'honorable. En 1999, le président Eltsine a donné un avis favorable à 12 522 demandes de grâce. C'est l'infatigable défenseur des droits de l'homme, Sergueï Kovalov, alors député du Soviet suprême, qui avait influencé la création d'une telle commission en 1992 et poussé Anatoli Pristavkine à en assurer la présidence.
Pristavkine avait connu la notoriété, avec la perestroïka, en racontant sa vie d'enfant orphelin dans un roman quasi autobiographique (1). Ce n'est pas un juriste, c'est un juste. Qui souhaita s'entourer de pairs. Non de hauts fonctionnaires mais de citoyens indépendants: un ancien zek (prisonnier du goulag), un barde, un cinéaste, un chirurgien, un prêtre orthodoxe, un critique littérai