Belgrade
de notre correspondante
L'assemblée attend et ne comprend pas pourquoi l'acte final de la cérémonie d'incinération tarde. Le jeune époux vient de faire ses derniers adieux à sa femme prématurément disparue. Normalement, devrait suivre le ronronnement des moteurs et la descente de la bière pour le dernier voyage. Rien ne se produit. Tout le monde attend. L'époux comprend et dit: «Il n'y a pas d'électricité. Nous devrons laisser Ivana ainsi.» Le nouveau cimetière de Belgrade (qui est, en fait, le plus ancien) partage le sort de l'ensemble de la Serbie et du Monténégro, soumis depuis quelques jours à des coupures de courant, souvent très longues. Elles sont théoriquement tournantes car les usagers sont répartis en quatre groupes. En réalité, une grande partie des dix millions de Serbes ne disposent que de quelques heures d'électricité par jour. Les utilisateurs dit prioritaires, tels les hôpitaux, les écoles et les jardins d'enfants échappent, à Belgrade tout au moins, aux restrictions. Les responsables de la Compagnie distributrice d'électricité de Serbie, EPS, viennent d'avertir qu'elle risque d'être bientôt contrainte de frapper également ces catégories privilégiées.
Mécontentement. Cette subite aggravation de la situation énergétique survient au lendemain de la retentissante victoire aux législatives de Serbie de la DOS (l'opposition démocratique), une coalition de 18 partis qui a délogé en plusieurs étapes depuis fin septembre, le régime de Slobodan Milosevic. Déjà i