Accra envoyée spéciale
C'est un véritable personnage de légende qui s'apprête à quitter la scène politique du Ghana. Jerry John Rawlings, flamboyant ancien capitaine d'aviation, tire sa révérence après avoir dirigé son pays pendant dix-huit ans. Quel que soit le résultat du second tour de l'élection présidentielle qui se déroule aujourd'hui, Rawlings cédera en effet sa place, conformément à la Constitution qu'il a lui-même élaborée et qui limite à deux mandats successifs la fonction présidentielle. «Rawlings affirme qu'il s'intéresse désormais à la lutte contre le paludisme qui ravage l'Afrique. Mauvaise nouvelle pour les moustiques et bonne nouvelle pour le Ghana», ironisait récemment un quotidien local. Le jugement est particulièrement sévère. Car si la soif de changement est forte au Ghana, Rawlings risque de hanter encore longtemps un pays qui a réussi sa conversion démocratique grâce à cet ancien officier putschiste aux allures de Che Guevara africain. «Il a fait l'histoire de ce pays, en bien comme en mal», constate un éditorialiste ghanéen. «Quoi qu'on en pense, on ne peut parler du Ghana sans évoquer son nom, et le "facteur Rawlings" continue de peser sur notre vie politique», souligne-t-il.
Dans les zones rurales de l'est et du nord du pays, Rawlings reste d'ailleurs une icône intouchable. A Ningo, un gros bourg sur la côte est du pays, les femmes de pêcheurs ont gardé toute leur tendresse pour «J.J.», le «leader qui est venu libérer les masses», comme le souligne ave