Puerto Asis (Colombie)
envoyé spécial
Trois coups de machette précis. Le palmier tombe, Riomar épluche le coeur et brandit sa récolte dérisoire. «Et voilà 300 pesos!» (1 franc). Avant, il cultivait la coca. Il y a quatre ans, en accord avec un plan gouvernemental de substitution de cultures, il a planté des palmiers. Aujourd'hui, dans ce coin de la forêt amazonienne du Putumayo, les palmiers sont déjà trop vieux pour la production. «J'ai abandonné... Le palmier ne rapporte rien!» Aussi, quand, le 2 décembre dernier, des membres du gouvernement sont venus dans sa commune de Puerto Asis pour engager un pacte d'éradication de la coca, Riomar Arévalo a boudé la fête. Le document, qui marque le lancement du plan Colombie (lire encadré), semble pourtant prometteur: dans un département qui produit plus de la moitié de la coca du pays, l'Etat s'engage à apporter aux signataires qui arrachent leurs plants une aide alimentaire immédiate en nature, puis à financer des projets de cultures de remplacement, comme les bananiers, le bois ou les fruits.
Corruption. Mais Riomar n'a plus confiance. En 1996, selon les promesses gouvernementales, ses coeurs de palmiers auraient dû être conditionnés pour l'exportation à Puerto Asis. «L'usine va seulement être inaugurée ces prochaines semaines», râle le paysan en assénant un coup de machette sur un tronc. Il n'y a ni électricité ni eau courante dans la ferme où il vit avec treize de ses parents, et donc pas de télévision. Mais il a quand même entendu