Tokyo de notre correspondant
«Je compte rester longtemps ici», avait déclaré Alberto Fujimori peu après son arrivée au Japon, le 17 novembre. De fait, l'ancien président péruvien, désormais installé dans la propriété d'un ami écrivain, Ayako Sono, dans une banlieue cossue de la capitale, semble décidé à demeurer dans l'archipel. Et, bien que le gouvernement lui ait demandé de se montrer «discret», pour éviter d'envenimer les relations entre Tokyo et Lima, «Fujimori-san» parle, reçoit et se promène librement. Il se sait à l'abri d'une mauvaise surprise. Sa nationalité nipponne, confirmée le 12 décembre par le Gaimusho (le ministère des Affaires étrangères), rend impossible toute extradition.
Pseudo-menaces. Pour celui que les Péruviens surnommaient «El Chino» et qui aimait parader à ses heures de gloire en gilet pare-balles, cet exil dans la patrie de ses origines n'en est pas moins piteux. Arrivé à Tokyo dans la foulée du sommet Asie-Pacifique organisé au Brunei, Fujimori a d'abord prétendu qu'il n'avait «pas préparé sa fuite» et qu'il avait trouvé refuge dans l'archipel en raison de «menaces sur sa vie». A l'en croire, il lui fallait échapper aux sicaires de l'ancien chef des services de sécurité, Vladimiro Montesinos, son âme damnée. Mais depuis, le calme est revenu au Pérou, Fujimori a été déchu de ses fonctions, un nouveau président, Valentin Paniagua, lui a succédé. Et, à Tokyo, le scénario du «réfugié modèle» a pris du plomb dans l'aile. Il y a d'abord eu les indiscrétio