Moscou de notre correspondante
En Russie, toute rencontre avec les «forces de l'ordre» peut tourner au cauchemar. Une semaine après une élection régionale, Sergueï Maksachiov, ex-adjoint du gouverneur sortant de Koursk, avait jugé bon de donner sa démission. En guise de remerciements, il a été convoqué le18 novembre par un homme qui s'est présenté comme un officier de la sécurité militaire assisté de deux malabars. On lui a tendu un papier, un stylo, et on a exigé qu'il dévoile les «machinations financières» de l'ancien gouverneur. Son refus lui a valu trois heures de passage à tabac et un séjour à l'hôpital.
L'affaire a fait du bruit, une enquête a été ouverte, et l'un des responsables arrêté. Mais cette promptitude à sévir est inhabituelle. Les mauvais traitements sont plus souvent la règle que l'exception dans les commissariats, où ils constituent le moyen privilégié des enquêteurs d'extorquer des aveux qui seront devant les tribunaux la pièce maîtresse de l'accusation.
Violée. La frêle Lioubov Nebrentchina, arrêtée à Moscou pour vol en janvier 1997, se souvient de tout ce qu'elle a subi lors de l'interrogatoire. Après la fouille au corps, les coups de matraques en bois sur les reins et la tête, puis les coups de botte dans le foie, après un étranglement avec sa ceinture et l'injonction de se déshabiller sous les coups: «Ils m'ont dit de poser le haut du corps sur la table métallique et ils m'ont violée.» La séance a duré entre six et sept heures. Lioubov ne niait pas sa par