Djakarta envoyé spécial
Habib Mohammad Rizik est un spectacle à lui seul. Assis en tailleur sur des coussins de satin rose, un Coran ouvert posé sur un pupitre devant lui, ce jeune prêcheur à barbiche, président du Front des défenseurs de l'islam (FPI), fait songer à un pacha de conte oriental. Pour appeler ses gardes, il n'élève pas la voix mais presse délicatement une sonnette; au signal, deux gardes du corps enturbannés se précipitent et s'agenouillent à côté du jeune homme qui continue à disserter d'une voix pleine d'assurance, comme un professeur parlant à des bambins.
En réaction. Mais que l'on ne s'y trompe pas, du haut de ses 35 ans, Habib Rizik, «38e descendant du prophète», est un homme redoutable. Durant les deux dernières années, ses moudjahidin ont mené une série d'opérations commandos contre des restaurants servant de l'alcool, des maisons de prostitution et des karaokés. Lors d'une des plus récentes expéditions, 40 militants du FPI, vêtus de longues robes blanches et armés de couteaux et de matraques, ont systématiquement détruit une dizaine de night-clubs et de caves à bières de Djakarta-Est. «Notre objectif est de pourchasser le mal pour instaurer le bien. Tous ces cafés sont des couvertures pour la prostitution ou le trafic de Shabu-Shabu (métamphétamine). Le Front des défenseurs de l'islam n'utilise jamais la violence comme action, mais seulement comme réaction à des actes que nous ne pouvons pas supporter», explique le prêcheur. Une cible moins orthodoxe a