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Libération

Un Maroc qui avance en freinant.

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La démocratie embryonnaire reste frileuse sur les libertés.
publié le 10 janvier 2001 à 21h39

Rabat envoyée spéciale

La scène paraissait ne plus faire partie du paysage. Elle s'est pourtant rejouée ce 2 janvier aux environs du Palais de justice de Casablanca où comparaissaient quatorze étudiants islamistes de Al Adl Wa Al Ihsane («Justice et Bienfaisance»), le parti non reconnu de cheikh Yassine. Tous ceux, avocats compris, qui portaient une barbe ou avaient de vagues allures d'étudiant ont été embarqués. L'épisode aurait sans doute moins alarmé si, dix-huit mois après l'avènement de Mohammed VI, le régime ne multipliait les signes de durcissement. Plusieurs manifestations pacifiques, mais interdites, ont été réprimées brutalement. Les «fuites» sur le futur code de la presse n'augurent pas la libéralisation de ce secteur. Trois journaux indépendants, parmi lesquels le Journal, meilleure vente des hebdomadaires francophones, et Assahifa, son édition en arabe, ont été interdits et sa jeune direction accusée de «saper la démocratisation» et «discréditer les institutions de l'Etat». A croire que l'heure est venue de mettre un frein à l'effervescence créée par la montée sur le trône d'un roi jeune et paré de toutes les vertus.

«Mai 68 permanent.» Friand de scoops spectaculaires, le trop irrévérencieux le Journal a, il est vrai, déclenché un miniséisme en publiant un document mêlant... la gauche marocaine au coup d'Etat manqué du général Oufkir contre Hassan II en 1972. La riposte a été à la mesure de l'offense. «Vive la monarchie, vive la nation une et indivisible, vive l'a