Avec dix minutes d'avance, il est arrivé au pôle financier de la justice parisienne, dont les locaux sont situés près de l'Opéra. On l'a connu dans tous les rôles, pas encore dans celui-là: à 14h 20, Philippe de Villiers, ex-vice-président du Rassemblement pour la France (RPF), s'est présenté comme «témoin à charge», pour être entendu par les juges Philippe Courroye et Isabelle Prevost-Desprez.
Les deux magistrats instruisent depuis le 10 juillet l'affaire du trafic d'armes vers l'Angola, monté en 1993 avec la complicité de la Sofremi, l'office de vente d'armes patronné par le ministère de l'Intérieur. Les noms de Charles Pasqua comme celui de Jean-Charles Marchiani, ancien préfet et fidèle lieutenant du précédent, circulent à ce propos depuis de nombreuses semaines. Or, le président du conseil général de Vendée a divorcé d'avec son ami Charles et du RPF, justement pour des querelles financières. Convoqué par les juges, il aurait pu se dérober. Point du tout, Villiers mène la charge. L'audition a été longue: plus de quatre heures.
Au sortir de son rendez-vous, s'il s'est montré discret sur le contenu des discussions, il y est allé de son commentaire nuancé: «Je peux confirmer de manière explicite que l'affaire Mitterrand-Pasqua est une affaire grave, une affaire d'Etat avec des ramifications intercontinentales.» «Délateur!», s'était exclamé le patron du conseil général des Hauts-de-Seine, en apprenant la nouvelle de l'audition de Philippe de Villiers. Ce qui manifestement n'a