Patrick Baudouin, président de la FIDH (Fédération internationale des droits de l'Homme), explique à Libération ses inquiétudes face aux récentes évolutions du régime.
Les autorités marocaines voient dans la tenue de ce congrès à Casablanca une consécration de «l'ouverture démocratique du pays». Cela ne vous place-t-il pas en porte à faux au moment où le régime semble se durcir?
Quand nous avons pris cette décision, il y a un an, il s'agissait de saluer et d'encourager la transition démocratique engagée depuis trois ans et la volonté exprimée par le Maroc de procéder à de profondes réformes pour instaurer un Etat de droit. C'est parce que nous avons apprécié les gestes significatifs faits en ce sens qu'il est légitime aujourd'hui d'exprimer de sérieuses inquiétudes, face à un blocage du processus et même à certains signes de régression: interdiction et répression de manifestations pacifiques et sérieuses atteintes à la liberté de la presse... L'interdiction de trois journaux revêt une charge symbolique forte qui a inutilement terni l'image du pays et jeté le doute sur la volonté réelle de mener l'évolution démocratique à son terme. Il existe d'autres moyens légaux pour se défendre «d'excès de la presse», ne serait-ce qu'une action en diffamation.
Le Maroc réaffirme pourtant sa volonté de poursuivre la démocratisation...Si les mots ont leur importance, seuls comptent en définitive les actes. Heureusement d'ailleurs, car, au seul niveau du discours, la Tunisie serait une champion