La Floride semble avoir été frappée d'un châtiment éternel: compter et recompter ses bulletins de vote litigieux. Après les scrutateurs, après les juges, ce sont les journalistes qui s'en chargent, ce qui rend très nerveux les hommes du président élu, George W. Bush. La presse, soupçonnent-ils, n'a qu'un seul objectif: le sensationnel. En l'espèce, ce serait qu'Al Gore soit le vrai vainqueur de l'élection et que Bush soit un Président illégitime. «Vous ne pouvez pas remédier à la confusion par la confusion», répète le porte-parole de George W. Bush, Tucker Eskew.
Terrain miné. Seuls CNN et les journaux de la presse écrite se sont lancés dans cette opération coûteuse et politiquement explosive. Les trois grands réseaux de télévision, ABC, CBS et NBC, sont restés dans leur coquille. Les plus grands cabinets d'expertise comme KPMG ou Price Waterhouse ont eux aussi décliné l'offre, laissant à leurs concurrents plus modestes ce marché qu'ils jugent miné.
Deux groupes travaillent aujourd'hui parallèlement. Le premier, formé par le Miami Herald et par USA Today, a commencé à examiner les bulletins depuis trois semaines et souhaite achever son travail début mars. Il est épaulé par un cabinet de Chicago, BDO Seidman. Le second groupe, derrière CNN et les grands journaux de la côte Est (New York Times, Washington Post, Wall Street Journal...), souhaite compenser son retard par la qualité de son travail: il a prévu de dépenser 500 000 dollars et s'est adjoint un très sér