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Libération

L'exil forcé des immigrés de la Côte-d'Ivoire.

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La xénophobie s'étend dans le pays et le Nord boycotte les législatives partielles.
publié le 13 janvier 2001 à 21h46

Abidjan

de notre correspondante

Il faut le dire: «Tous les Ivoiriens ne sont pas pour qu'on chasse les étrangers de ce pays», insiste Antoine Gueu, 28 ans, originaire de l'ouest de la Côte-d'Ivoire. «Mon meilleur ami est reparti hier avec sa famille sans me laisser d'adresse, nous avons grandi ensemble, et, aujourd'hui, je n'ai plus de traces de lui, raconte-t-il. Il est burkinabé et il a fui parce qu'il a eu peur pour sa vie. Il faut que les politiques nous laissent vivre ensemble comme nous l'avons toujours fait. Comment voulez-vous qu'on nous sépare? Il n'y a pas une famille ivoirienne qui n'a pas un parent étranger!» Antoine explique qu'il est passé à la gare. Il n'a pas trouvé son ami, mais a vu des foules sur les quais de départ.

Détresse. De nombreux immigrés craquent, victimes de la poussée de fièvre xénophobe qui a saisi une frange de la jeunesse ivoirienne depuis le début de la semaine, quand le gouvernement a révélé que des «ressortissants de pays voisins» étaient mêlés au putsch raté de dimanche soir. Abou, un gardien de nuit qui vit à Abidjan depuis trente ans, a été expulsé de chez lui par les étudiants «patriotes» d'une cité universitaire de Cocody, quartier chic de la capitale. Il a entreposé ses maigres affaires chez son patron, effrayé à l'idée qu'ils reviennent pour tout brûler. «Je voudrais rentrer au Burkina Faso, mais je n'ai pas l'argent, soupire-t-il, l'air gêné. Et puis personne ne nous a protégés, les policiers nous disent aussi qu'on n'a qu'à rentrer