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Libération

Chape de froid sur la Sibérie

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Electricité aléatoire, habitat précaire, les Russes tentent de survivre à une vague de gel exceptionnelle.
publié le 15 janvier 2001 à 21h50

Krasnoïarsk (Sibérie) envoyée spéciale

Appuyée sur sa canne, économisant sa respiration pour ne pas brûler ses voies respiratoires, une vieille femme trottine à travers les allées du marché. Un épais brouillard de froid rend les étals à peine visibles. Par moins 38 degrés, en milieu de journée, le marché extérieur bat son plein. Larissa Fedotovna, 74 ans, vendeuse de tapis, se refuse à considérer la situation comme «anormale». Pourtant: «Je ne me souviens pas d'un tel gel pendant une période aussi longue», dit-elle. Pour affronter le froid, il faut respecter des règles de sécurité: être correctement habillé et, surtout, ne pas rester plus d'une heure dehors. Les pieds de la vieille femme sont emmitouflés dans des chaussettes en laine de chèvre et engoncés dans des valienki, ces bottes de feutre rigide conçues pour parer au froid intense. Ne pouvant se permettre le luxe d'un manteau de fourrure, Larissa porte au moins cinq couches de vêtements, sous son manteau de laine. Sa tête est emmitouflée dans un châle en poil de chèvre qui ne laisse voir que ses yeux. A même son dos, elle porte un tapis cousu main, pour la «publicité». «En plus, il me tient chaud», ajoute-t-elle en souriant difficilement, le gel contractant les muscles du visage.

Impréparation. «Anormal», c'est pourtant bien le qualificatif employé par les autorités locales pour décrire la vague de froid qui s'est abattue sur la Sibérie occidentale, depuis le 30 décembre. «La situation est tendue, mais pas tragique», min