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Libération

La fronde monte contre le président ukrainien

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L'assassinat d'un journaliste déstabilise Leonid Koutchma.
publié le 15 janvier 2001 à 21h50

Moscou de notre correspondante

Qui a tué Gueorgui Gongadze, jeune journaliste d'origine géorgienne au ton mordant, dont les amis soulignent la vivacité d'esprit et les concurrents le caractère aventurier? Et pourquoi? La question hante l'Ukraine depuis deux mois, et l'affaire est devenue un scandale politique de premier plan éclaboussant le président Leonid Koutchma, directement mis en cause par l'opposition. Aux dires de la plus proche collaboratrice du journaliste assassiné, Aliona Pritoula, rédactrice en chef du journal qu'il avait fondé en avril sur l'Internet, Ukrainska Pravda («la Vérité ukrainienne»), Gongadze avait remarqué au cours de l'été qu'il faisait l'objet d'une filature. Il ne menait, dit-elle, aucune enquête particulière, publiant essentiellement des commentaires indignés sur la vie politique du pays. A 31 ans, il n'avait pas de soucis d'argent, finançant lui-même depuis la défection de son premier sponsor ce petit journal, employant deux personnes grâce aux collaborations qu'il avait avec d'autres journaux. Le 16 septembre, il disparaissait et son corps décapité était découvert le 3 novembre dans un petit bois à la périphérie de Kiev, la capitale ukrainienne.

L'affaire se transforme en scandale en décembre quand un des leaders de l'opposition, le chef du Parti socialiste, Olexander Moroz, accuse le président Koutchma, nationaliste modéré élu en 1994, d'avoir commandité le meur tre. Le député a rendu publique une bande où une voix, présentée comme étant celle