A cinq mois de l'élection présidentielle, la justice iranienne, contrôlée par les courants conservateurs, a encore intensifié sa campagne de condamnations contre des personnalités réformistes dans le but, semble-t-il, d'empêcher le président Mohammed Khatami de briguer un second mandat. Samedi, le journaliste Akbar Ganji, qui avait mené des enquêtes sur les assassinats d'intellectuels et d'opposants en Iran, a été condamné par un tribunal révolutionnaire à dix ans de prison ferme, suivis de cinq ans d'exil intérieur dans une région inhospitalière du sud de l'Iran. Une avocate, Merhangiz Kar, et une éditrice, Chahla Lahidji, qui incarnent le combat pour l'amélioration de la condition féminine, ainsi que cinq autres intellectuels ont été également sévèrement punis pour avoir participé en avril à la conférence de Berlin, une manifestation où s'étaient retrouvés des réformateurs et des opposants à l'initiative d'une fondation proche des Verts allemands. Le vice-président du Parlement et frère du Président, Mohammed-Reza Khatami, a dénoncé lundi le caractère «politique» de ses condamnations, qu'il a qualifiées de «verdict sans précédent».
Ces lourdes peines infligées à des journalistes, des avocats ou des militantes féministes, soit des représentants de cette société civile sur laquelle s'appuie le Président pour ses réformes, visent personnellement Mohammed Khatami. Elles font suite à des fermetures de journaux, à l'emprisonnement de plusieurs de ses proches, comme Abdallah Nouri