Bangkok de notre correspondant
Ce n'est pas encore la résurrection du «people power» qui avait chassé du pouvoir le dictateur philippin Ferdinand Marcos en 1986, mais cela commence à y ressembler. L'ajournement, hier, du procès en destitution, devant le Sénat, du président Joseph Estrada après la démission de l'ensemble de l'accusation a jeté environ 40 000 manifestants dans les rues de Manille. Mardi soir, une majorité des 21 sénateurs (11 contre 10) chargés de juger le chef de l'Etat pour corruption et violation de la Constitution avaient décidé de ne pas révéler les documents bancaires qui, selon l'accusation, prouveraient que le Président détient sous un faux nom plus de 60 millions de dollars (64 millions d'euros) acquis illégalement. Dégoûtés par ce vote, l'ensemble de l'accusation ainsi que le président du Sénat ont démissionné.
Désobéissance civile. Symboliquement, les manifestants avaient choisi pour défiler l'avenue Edouardo-Dos Santos d'où était partie la révolte populaire de 1986. Comme il y a quinze ans, ils sont soutenus par la puissante Eglise catholique, et notamment le cardinal Jaime Sin, qui a menacé de recourir à la désobéissance civile. Ce sont surtout des hommes d'affaires, des employés de bureaux et des militants d'ONG qui se sont regroupés autour des noise barrages («barrages sonores») et ont allumé des cierges. Rares étaient les ouvriers ou les paysans qui réclamaient autour de feux de joie la démission d'«Erap» (« le Pote», surnom d'Estrada). Les cou