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Libération

Un pays en cours de dépeçage

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La fin du président congolais ne réglera pas le conflit, selon l'historien Gérard Prunier.
publié le 18 janvier 2001 à 21h56

Le règne de Laurent-Désiré Kabila se termine comme il avait commencé. Presque par accident. En 1996, le Rwanda et l'Ouganda avaient déniché l'ex-maquisard en Tanzanie et avaient eu quelque mal à le convaincre d'abandonner la direction de maisons closes pour prendre la tête de la rébellion contre Mobutu. Mardi, Kabila a été blessé, peut-être tué, au cours de ce qui semble être une banale dispute sur la gestion de la guerre. «Je ne crois vraiment pas qu'il s'agisse d'un complot, estime Gérard Prunier, chercheur au CNRS. Des complots, il y en avait peut-être ailleurs, mais ce n'est pas ça qui a causé sa perte.» Un système de sécurité cafouilleux, et la République démocratique du Congo s'enfonce dans une crise que le jeune Joseph Kabila aura bien du mal à maîtriser. «Car il n'y a pas de clan Kabila, explique Gérard Prunier. Cela a été la faiblesse de tout le système, dès le départ. Quand Kabila a été "créé" par le Rwanda, les belles années du maquis étaient passées, il n'avait pratiquement plus d'hommes à lui. Arrivé au pouvoir, il s'est mis à recruter tout le monde et n'importe qui, par n'importe quel moyen, y compris par l'Internet ou par les copinages de bistrot. Cela a abouti à la création d'un gouvernement complètement hétéroclite.» Même si l'armée ne s'est pas livrée à des pillages, hier, elle manque, elle aussi, d'expérience et d'esprit de corps.

Pas d'illusion. L'Angola et le Zimbabwe, les principaux alliés de Kinshasa dans la guerre qui l'oppose à l'Ouganda et au Rwanda,