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Libération

«Tout le monde est mort là-dessous».

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publié le 19 janvier 2001 à 21h59

Comasagua envoyé spécial

Avant, c'était une route. Samedi, la terre a tremblé et elle a disparu sous la montagne effondrée. Aujourd'hui, c'est une piste grossière, ouverte à coups de pelleteuse. Derrière les engins, de longs convois se sont formés, pour une drôle d'inauguration. Des camions de ravitaillement précèdent des tout-terrain bardés d'autocollants d'ONG dont ils transportent les membres. Une heure pour dix kilomètres, «c'est le tarif, depuis la réouverture de la route ce matin», s'impatiente un chauffeur de la Croix-Rouge locale.

Crevasse. Il s'est arrêté au premier village accroché à la montagne, El Zacazil, à vingt kilomètres de la capitale. 55 familles y vivent au milieu d'une plantation de café. Elles attendent le camion au bord de la pistedepuis l'aube. C'est la première fois qu'elles sont ravitaillées depuis cinq jours. Du pain, du café, du maïs et de l'eau dans de petits sachets, que les enfants déchirent à pleines dents. José-Maria Flamenco habite ici: «Le village n'existe plus.»

Il va voir le chauffeur, puis l'infirmier de la Croix-Rouge, lui explique qu'il reste un blessé dans les décombres, derrière, à 300 mètres de la route, qu'il est trop vieux, qu'il ne peut plus marcher. Ils partent à sa recherche, avec un brancard. Le village est en contrebas, seulement accessible par un sentier difficile. Aucune maison n'a résisté. La rue principale est coupée en deux dans toute sa longueur par une crevasse de 50 centimètres de large. Le vieil homme a une jambe écrasée