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Libération

Une reconnaissance avant tout symbolique.

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La loi adoptée à Paris a connu un parcours tumultueux.
par Marcia LACOMBE
publié le 19 janvier 2001 à 21h59

«La France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915.» Votée hier à l'unanimité par les quelque 40 députés présents à l'Assemblée nationale, la proposition de loi était rapportée par François Rochebloine (UDF, Loire), et le gouvernement était représenté par Jean-Jack Queyranne, ministre des Relations avec le Parlement. Cet article, objet de débats très consensuels hier dans l'hémicycle, a pourtant connu un parcours tumultueux. Ni l'Elysée ni Matignon n'en voulaient. Revendiquée par la communauté arménienne de France, la reconnaissance du génocide est adoptée une première fois à l'Assemblée le 29 mai 1998, suite à une proposition de loi socialiste. Le texte est ensuite resté dans les tiroirs de la Haute Assemblée. Les sénateurs tergiversent, puis auditionnent le ministre des Affaires étrangères, en mars 1999, pour se prononcer. «Est-ce à la loi de proclamer la vérité sur cette tragédie historique? Le gouvernement ne le pense pas, et le Président partage cette appréciation», déclare Védrine. Le Quai d'Orsay ne souhaite pas embarrasser l'allié turc.

Le 23 février 2000, alors que les groupes socialistes et communistes du Sénat poussent à l'examen du texte, Chirac intervient directement auprès de Christian Poncelet (RPR), président du Sénat, rappelant les enjeux géopolitiques du Caucase et les intérêts économiques de la France en Turquie. Du coup, le 21 mars dernier, la majorité des sénateurs de droite vote contre la proposition de loi. Les associations arméniennes pours