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Libération

Joseph Estrada, de la série B à la politique

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Fils de famille qui a mal tourné, le Président est haï par la bourgeoisie.
publié le 20 janvier 2001 à 22h02

Manille envoyé spécial

S'il est une chose que la bourgeoisie philippine n'a jamais pu pardonner au président Estrada, c'est d'avoir trahi sa propre classe. Joseph Estrada n'est pas l'homme du peuple dont il a toujours essayé de projeter l'image. Issu d'une famille aisée, éduqué dans les meilleures écoles de l'archipel, il aurait dû en toute logique s'intégrer dans cette élite bien pensante, imprégnée jusqu'à la moelle d'un catholicisme moraliste. Mais Estrada a mal tourné: il s'est fait le champion des pauvres. Pire que tout, il a nargué les «grandes familles» qui dominent la vie politique et économique. Tôt ou tard, leur vengeance devait le faire tomber. «Estrada a toujours été la brebis galeuse de sa famille. Ses frères et soeurs sont avocats ou docteurs, lui est devenu une sorte de petit gangster. La bourgeoisie le déteste», explique l'historien Armando Malay jr.

Rôles de justicier. Expulsé à 16 ans de l'école des jésuites pour avoir boxé un camarade, Estrada parvient quand même, grâce au soutien de sa famille, à entrer dans la prestigieuse université Ateneo de Manille. Mais il n'est pas fait pour les études et quitte rapidement la faculté d'ingénierie pour s'adonner à sa nouvelle passion: le cinéma. Ses débuts sont fulgurants: son charisme naturel, son physique avantageux en font vite une vedette des films de série B. Il excelle dans les rôles de justiciers défendant la veuve et l'orphelin. Ses parents furieux lui interdisent d'utiliser à l'écran le nom de la famille: Ejer