Allahabad envoyé spécial
L'eau, la poussière et les hommes. Venus de partout en Inde et de plus loin encore. «Nous sommes du Népal, explique Bahadur, nous avons voyagé trois semaines en bus pour venir ici. Pour pouvoir enfin nous laver de tous nos péchés.» Seuls les jeunes branchés de Delhi ne sont pas là, narquois à l'égard de la Maha Khumb Mela qu'ils suivent néanmoins à la télévision et en famille. Le plus grand événement hindouiste a lieu tous les douze ans à proximité de la ville de Allahabad. Dans la poussière, les hommes viennent à l'eau, au lieu de confluence des fleuves sacrés du Gange et de la Yamuna rejoints par les eaux souterraines de la rivière de la connaissance.
«Festival de la cruche»
La légende raconte que dieux et démons se sont affrontés pour prendre possession d'une cruche contenant le nectar de l'immortalité. Au cours de la bataille, qui dura douze jours, quatre gouttes de ce nectar céleste seraient tombées sur Terre. Quatre villes furent construites sur ces sites, tous situés le long du Gange. Elles sont depuis des lieux de pèlerinages, chacune tenant à son tour son «Festival de la cruche» (traduction de Khumb Mela). La ville de Allahabad, la plus sacrée de toutes, est le théâtre de la Maha (grande) Khumb Mela qui se tient 42 jours durant. Une véritable ville céleste s'érige alors temporairement pour accueillir pèlerins et sadhous. Les hommes saints de l'hindouisme abandonnent leur réclusion et se retrouvent dans les gigantesques camps érigés par leurs ak