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Libération

Ashcroft, croisé de la droite religieuse

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Le nouvel Attorney General est très controversé.
publié le 22 janvier 2001 à 22h03

Washington de notre correspondant

Ce matin de janvier 1995, à Washington, quelques heures avant de prêter serment, John Ashcroft, nouveau sénateur du Missouri, a réuni sa famille et quelques amis dans une maison voisine du Capitole: pour prier. Au cours de la séance, Ashcroft exprime le souhait de se faire oindre, «comme les rois d'Israël avant de prendre leur charge» (1). Déjà, quelques années plus tôt, il s'était fait oindre avec de l'huile sacrée avant de prendre ses fonctions de gouverneur de ce même Etat. Mais le précieux liquide manque. «Allons voir si on trouve quelque chose à la cuisine», dit son père, Robert. John tique un peu, mais son père, un pasteur pentecôtiste qui devait mourir quelques jours plus tard, le rassure: «L'huile n'est importante que comme symbole, celui de l'esprit de Dieu.» On va donc chercher un petit bol d'huile ménagère Crisco. Ashcroft s'agenouille, puis la plupart des convives placent leur main sur sa tête, ses épaules ou son dos...

Mission divine. Aujourd'hui, c'est également avec le sentiment d'accomplir une mission divine que John Ashcroft, 58 ans, l'homme politique préféré de la droite religieuse, s'apprête à prendre les fonctions d'Attorney General («ministre de la Justice»), poste auquel l'a nommé Bush. Une perspective qui terrifie les démocrates et les défenseurs des libertés publiques: l'Attorney General, aux Etats-Unis, est celui qui est chargé de défendre les droits des citoyens, quelles que soient leur couleur, leur croyance, leur op