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Libération

Femmes de tête et de peine en Suède.

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Les inégalités avec les hommes restent persistantes dans les entreprises.
publié le 22 janvier 2001 à 22h03

Stockholm de notre correspondant

Anna Eliasson Lundquist éclate de rire quand on lui demande qui est cette silhouette peinte sur du contreplaqué, plantée dans l'entrée de son bureau. «Mais c'est moi !, s'exclame-t-elle. Un képi de général, la main au-dessus des yeux pour observer comme un Indien, une moitié de corps en blouse blanche pour le côté femme soignante, l'autre en minijupe pour le côté bombe sexuelle, évidemment, et puis le landau derrière pour la maman, mais rempli d'une mallette de femme d'affaires et d'une baguette parce qu'il faut aussi faire les courses. Cinq roues au landau, car ça va à toute vitesse, et les petites ailes dans le dos pour prendre de la hauteur et avoir une vision globale. C'est moi bien sûr ! Je veux être une superfemme. C'est ça le rêve de la Suédoise : pouvoir tout faire en même temps, mère, bombe sexuelle et femme d'affaires.»

Femme d'affaires, Anna Eliasson Lundquist l'est devenue très tôt, en reprenant l'entreprise familiale. Elle a commencé à ruer dans les brancards dès les années 70, quand les gens qui appelaient et voulaient parler au chef raccrochaient en apprenant que c'était elle. Depuis, elle a décidé de changer les choses et créé, il y a six ans, Kvinnokompetens, une société de recrutement exclusivement pour femmes dirigeantes. Elle harcèle les grandes entreprises pour placer ses élues et promouvoir la parité à tous les niveaux de décision. «Même si la Suède est présentée comme un modèle pour l'égalité entre les sexes, le fossé res