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Libération
Interview

«Je ne crois plus en la paix».

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publié le 22 janvier 2001 à 22h02

Jérusalem de notre correspondante

Abraham Diskin est professeur de sciences politiques à l'université hébraïque de Jérusalem. Après trois mois et trois semaines d'Intifada, il ne croit plus qu'une vraie paix soit possible entre Israéliens et Palestiniens. Son analyse reflète assez bien l'opinion dominante en Israël aujourd'hui. Ce n'est plus l'angélisme des années Oslo, ce n'est pas non plus une diabolisation des Palestiniens, c'est une sorte de pragmatisme pessimiste.

Pensez-vous qu'un accord de paix soit encore à portée de main?

Ce n'est pas seulement une affaire de justice, mais aussi l'intérêt des Israéliens de voir un Etat palestinien s'établir sur la majeure partie de la Cisjordanie et de Gaza, et de voir la situation des Palestiniens s'améliorer. Mais, en même temps, je ne crois plus en la paix. Je ne crois pas qu'une vraie paix soit possible entre les deux peuples. Pas du vivant de notre génération. D'abord, la majeure partie du monde arabe continue à penser que l'existence d'Israël est une injustice. Ensuite, les Palestiniens, pour la plupart, ne connaissent que l'occupation israélienne, avec ce que cela comporte d'humiliations, de souffrances, d'emprisonnement, de perte d'êtres chers, ils ont trop de rage.

Vous êtes extrêmement pessimiste...

Non... Vous-même, vous savez que vous allez mourir un jour... Vous savez que vous ne pouvez rien y faire et qu'il vous faut vivre avec cette idée-là... Eh bien, c'est pareil avec les Palestiniens. Il y a des problèmes auxquels on pe