Bogota de notre correspondant
Ils travaillent discrètement avec l'armée ou la police colombiennes, mais ne portent pas d'uniformes et ont un drôle d'accent gringo. Ce sont parfois des hauts officiers en retraite, mais ils pensent davantage à éradiquer la coca qu'à tondre leur pelouse. Ne les appelez pas «mercenaires»: ce sont les employés de six «compagnies militaires privées» qui exercent sous contrat avec l'Etat américain en Colombie. Le 30 août, Bill Clinton et Andrés Pastrana, président colombien, annonçaient l'entrée en vigueur cette année d'un «plan Colombie» antidrogue, financé à hauteur d'1,319 milliard de dollars (plus de 9 milliards de francs) par les Etats-Unis, qui prévoit la fourniture de 60 hélicoptères à Bogota et la présence de 500 conseillers américains pour l'éradication de la coca.
A première vue, deux au moins de ces compagnies militaires privées n'ont rien à cacher. Military Private Resources Incorporated (MPRI) explique sur son site qu'il offre «conseil et assistance au ministère de la Défense et aux forces armées de Colombie». Son porte-parole, Ed Soyster, confesse volontiers que quatorze membres de MPRI conseillent actuellement l'armée «pour les problèmes de drogue du pays».
Précédent yougoslave. Le chiffre paraîtrait ridicule si l'on oubliait la prestation de MPRI en ex-Yougoslavie, en 1995. Après plusieurs mois de réorganisation de l'armée croate, cette dernière expulsait les Serbes bosniaques de la Krajina en moins d'un mois. «D'après des observateurs