Menu
Libération

Bilans contestés au Salvador

Article réservé aux abonnés
Le gouvernement sous-estime le nombre des victimes.
publié le 23 janvier 2001 à 22h05

San Salvador envoyé spécial

C'est une tente de l'armée salvadorienne plantée à un carrefour, au bas de Las Colinas, un quartier dévasté de Santa Tecla. Un bureau y est installé. Derrière, un militaire fouille dans ses papiers, un masque de coton sur le nez. A côté sont alignés une dizaine de corps, emballés dans des sacs plastique noirs. Il attend que des habitants du quartier viennent reconnaître des proches, disparus lors du séisme du 13 janvier. «On déclare les morts lorsqu'ils sont identifiés, pas avant. Mais beaucoup ne le seront jamais», explique le militaire. Même scène à Comasagua, dans l'est du pays. Des sacs noirs, encore, et un fonctionnaire, chargé des identifications.

Officiellement, le tremblement de terre qui a secoué le Salvador a fait 704 victimes. «Pas possible, répondent les ONG sur place. Il y en a au moins quatre fois plus.» Rodriguez Almeiro, représentant de la Croix-Rouge vénézuélienne, ne croit pas non plus au chiffre annoncé samedi par le président salvadorien Francisco Florès: «Outre les corps sans nom de Santa Tecla et Comasagua, on a des disparus ensevelis par les collines effondrées qui ne seront pas déterrés de sitôt. Et, dans certains villages du Nord, on n'a aucune idée de ce qui se passe.» Ces petits hameaux inaccessibles ne sont toujours pas ravitaillés en eau potable et en vivres. Seuls quelques hélicoptères ont pu les atteindre.

«C'est comme si le gouvernement minimisait sciemment le bilan. Le syndrome Mitch, peut-être», se demande Almeiro. L