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Libération

Régis Debray a-t-il donné le Che?

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Trente ans après, Bustos, accusé de la trahison, parle à des journalistes suédois.
publié le 23 janvier 2001 à 22h05

Stockholm

de notre correspondant

Un fantôme jaillit du passé. Un documentaire suédois diffusé la semaine dernière sur la chaîne publique SVT1 (1), doublé d'un long récit publié dans le quotidien Dagens Nyheter, revient sur les circonstances de la mort de Che Guevara, en 1967. Intitulé Sacrificio ­ Qui a trahi Che Guevara?, le film s'intéresse plus précisément à celui qui a porté devant l'Histoire la responsabilité de l'arrestation du révolutionnaire argentin. Ce fantôme s'appelle Ciro Bustos. En avril 1967, fidèle lieutenant de Che Guevara, il est arrêté en même temps que le jeune écrivain et philosophe français Régis Debray par l'armée bolivienne. Ils sont condamnés à trente ans de réclusion, la peine maximale en Bolivie. Le 8 octobre, Che Guevara est arrêté par les Boliviens. Le lendemain, il est exécuté. Pour certains, cela ne fait aucun doute, Debray ou Bustos a parlé, permettant l'arrestation de Guevara. «Si l'on feuillette les livres qui ont été écrits sur Che Guevara, disent les journalistes suédois Erik Gandini et Tarik Saleh, c'est Bustos qui est accusé d'avoir révélé à l'armée bolivienne que Che Guevara se trouvait en Bolivie. Il a été victime de l'écriture d'une histoire où seule la version de Debray, qui avait déjà un statut international, a été prise en compte.» Pendant trente ans, Ciro Bustos a gardé le silence. Il prépare maintenant un livre pour livrer «sa» vérité. Les deux journalistes suédois qui l'ont retrouvé lui ont fait raconter son histoire. «La seule ch